le vieil arbre qui tient bon

le vieil arbre qui tient bon

un nouveau matin
sans la moindre importance
je suis sorti comme un automate
affronter les sueurs froides
des fins de nuits hivernales
j’ai pris la route
je marche devant la maison
que j’ai rêvé d’habiter
à chaque passage
ils l’ont vendue
pas à moi
je n’avais pas de quoi l’acheter
mais je leur en veut quand même
ils l’ont rasé
je ne m’arrête pas
je continue

en descendant le chemin vers la gare
je vois le vieil arbre
qui tient bon lui
il paraît que certaines personnes
vont faire des câlins aux arbres
je ne trouve pas ca stupide
ça serait plus facile si c’étais le cas
j’ai souvent voulu aller m’asseoir contre son tronc
lui demander de me raconter des histoires
de m’expliquer comment il fait
pour rester droit
je ne l’ai jamais fais
j’en ai surtout envie
depuis qu’ils l’ont enfermé
dans un enclos de barrières métalliques

parfois en traversant le tunnel sous-voies
il y a maurizio qui chante avec sa guitare blanche
on échange quelques mots
on parles du temps presque toujours du froid
je lui dit que je dois aller prendre mon train
on se souhaite une bonne journée
à la prochaine
j’oublie de lui laisser une pièce
sur le quai il reste du temps
trois ou quatre minutes à attendre
je me mets contre la barrière
pour écouter maurizio sans qu’il me voit
j’aimerais lui dire
que les matins où je peux l’entendre
sont les plus beaux
que je l’admire
que sa guitare blanche
c’est mon étoile polaire
mais on ne parle que du temps

depuis le quai
je regarde souvent le vieil arbre
tous les matins
j’ai peur qu’il ne soit plus là
que le chantier l’ai vaincu
mais je n’y penses jamais le soir
quand je rentre vicié d’indifférence

le train arrive
je m’engouffre dans la rame
les portes se referment
ma journée s’arrête là

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